André, un ami de mon conjoint et homme d’affaires aguerri, enseigne à ses enfants de ne jamais emprunter pour acheter des biens de consommation. « Il faut seulement emprunter pour investir ou acheter une maison », préconise-t-il.

André a pourtant une carte de crédit dans ses poches, ce qui est une forme d’emprunt. Mais il la ramène à zéro à la fin de chaque mois, évitant ainsi de payer des intérêts.

D’autres parents, qui désirent initier leur enfant à l’emprunt et au crédit, privilégient toutefois une approche différente. Ils profitent du fait que celui-ci leur demande une avance sur son allocation pour lui faire un prêt, avec intérêts et pénalités en cas de défaut de paiement.

Si vous adoptez cette approche, ne prêtez qu’un petit montant et exigez un remboursement rapide. Lorsque le prêt est remboursé, une petite prise de conscience s’impose. Après avoir établi le montant des intérêts versés, demandez à votre enfant ce qu’il aurait pu faire avec cette somme. Ainsi, la prochaine fois, au lieu de vous emprunter 50 $ et de verser 2 $ en intérêts, il attendra peut-être quelques mois pour épargner les 50 $ et économiser 2 $!

Notez que pour vraiment initier votre enfant à l’emprunt, il est aussi important de le sensibiliser aux risques. Comme le prêt que vous lui avez consenti est sans doute anodin comparé à ceux qui sont octroyés dans la vraie vie, ne vous gênez pas pour donner des exemples concrets.

Par exemple, certaines cartes de crédit ont un taux d’intérêt de 18 %. En empruntant 3 000 $ à ces conditions et en ne faisant que le paiement minimum chaque mois (soit 2 % du solde), on met presque 8 ans à rembourser ce montant... et on paye plus de 2 580 $ en intérêts, ce qui est presque autant que la somme empruntée.*

Et il est préférable de le sensibiliser plus tôt que tard, car, un jour ou l’autre, votre enfant sera sollicité par les émetteurs de carte de crédit. Il recevra une offre alléchante par la poste, avec des taux quasi nuls pendant les premiers mois. Il aura alors l’impression qu’il suffit de sortir sa petite carte pour s’offrir tout ce qu’il veut. Avec le crédit, c’est si facile! Et lorsque sa limite sera atteinte, il en demandera peut-être une deuxième et une troisième. Et peu à peu, il s’enfoncera dans une spirale d’endettement...

Il existe aussi des formes d’emprunt encore plus coûteuses et complexes, comme le célèbre « Achetez maintenant, payez plus tard ». Par exemple, si un commerçant propose la formule « congé d’intérêts », il se peut que les intérêts commencent à courir au moment de l’achat et s’accumulent pendant toute la durée du congé. Si le consommateur ne paie pas la somme totale à la date d’échéance, il devra alors payer les intérêts accumulés et peut-être même des frais élevés. Veuillez lire le contrat attentivement avant de vous engager.

En expliquant ces choses à votre enfant, il sera plus méfiant face aux offres de crédit. Il sera peut-être moins porté à faire comme tout le monde et à sauter dans le train de l’endettement. Et qui sait, peut-être aura-t-il la sagesse de faire comme André et de ne jamais payer d’intérêts pour l’achat de biens de consommation.

* Ceci n’est qu’un exemple à des fins d’illustration. Les chiffres réels peuvent varier énormément d’une carte à l’autre.