PréAdo est brillant et vif d’esprit. Cependant, il ne réussit que moyennement à l’école. La promesse d’une récompense pourrait-elle le motiver?

Durant les quatre premières années de son secondaire, PréAdo a obtenu de justesse la note de passage dans la plupart des matières. En fait, il fournit juste ce qu’il faut d’efforts, ni trop ni pas assez, pour se glisser au-dessus de la ligne de réussite. Tel le sauteur en hauteur, il frôle la barre et se laisse ensuite lourdement retomber.

MèreAimante est chaque fois impressionnée par l’attention et la minutie dont il fait preuve pour équilibrer ses compétences avec les demandes des enseignants pour n’obtenir que la note de passage.

– Imagine si tu mettais autant de soin à obtenir la meilleure note possible pendant ta dernière année de secondaire! »

Mais PréAdo reste de glace devant son argument. Je dirais même qu’il est stimulé par l’idée d’illustrer aussi parfaitement le principe d’inertie.

OncleGâteau a alors proposé de lui offrir une prime de rendement, que ce soit un montant d’argent, un objet convoité ou une sortie de rêve. Sur le coup, MèreAimante a trouvé l’idée un peu trop capitaliste à son goût. Surtout, elle craignait que PréAdo ne s’améliore que pour obtenir le « bonbon » au lieu de travailler fort pour le plaisir de réussir.

Cette crainte est fondée. On veut que nos enfants apprennent à travailler et à être fiers de leur réussite. L’argent les détournera-t-il de ce bel idéal? Peut-on stimuler leurs efforts tout en les responsabilisant face à leurs résultats?

Selon l’âge des enfants, le degré de responsabilité varie. On peut s’attendre à ce qu’un garçon de 5e secondaire fasse le lien entre ses résultats scolaires et la possibilité de poursuivre les études de son choix. Mais pas toujours.

Pour un jeune de 3e secondaire, une stimulation extérieure peut l’aider à apprécier la satisfaction du travail bien fait, car il n’est pas toujours en mesure d’en saisir toute la portée. Mais pour qu’une telle entente fonctionne, l’enfant doit participer. Et plus il vieillit, plus sa part doit être importante.

Après en avoir discuté, les parents de PréAdo lui ont fait la proposition suivante : s’il travaillait mieux, si ses notes s’amélioraient et s’il ramassait un peu d’argent, ils l’aideraient à acheter un ordinateur portable, dont il rêve depuis un bon moment. Les yeux de PréAdo ont brillé.

Leur idée incluait tous les éléments d’une bonne entente : l’effort au travail et les résultats (les deux sont importants) et une responsabilité financière. Mais ils ne se sont pas arrêtés là. Ensemble, ils ont précisé les termes de l’entente. PréAdo devait obtenir au moins 70 % dans toutes les matières, réaliser des travaux scolaires  pendant 45 minutes tous les soirs et épargner sur son argent de poche pour accumuler le tiers du prix du portable. Finalement, ils ont établi que tous ces objectifs devaient être atteints à la fin de la deuxième étape scolaire, en février. Cinq mois représentent une échéance assez éloignée pour permettre à PréAdo d’intégrer l’habitude du travail, mais assez rapprochée pour qu’il ne se décourage pas.

Ainsi, tout le monde sait avec précision en fonction de quels critères sera déterminée la réussite. Rappelons-nous que les objectifs doivent être réalistes. Les parents de PréAdo auraient préféré qu’il ait au moins 80 % dans toutes les matières, mais c’était peu réaliste. Cela aurait même pu inciter PréAdo à ne pas adhérer à l’entente. Et ce n’est pas ce qu’on souhaite.

L’important, c’est qu’en faisant ces efforts il trouve aussi une satisfaction personnelle dans son travail, pas seulement une paye substantielle. Dans ce cas-ci, l’argent sert de tremplin pour développer la personne. Et, très sincèrement, je crois que c’est à cela que doit servir l’argent.