Je me souviens d’une nuit de Noël où la montagne de cadeaux au pied de l’arbre couvrait le sol d’une bonne partie du salon. Une fois la moitié de ces superbes paquets déballés et ouverts, PetitTrésor a filé dans sa chambre, abandonnant les autres sans les ouvrir. Il en avait assez. Est-ce si étonnant que cela? Cela s’est sans doute produit chez vous aussi...  À moins que vos petits aient préféré les boîtes vides et les papiers brillants aux dizaines de paquets, tant cette surabondance n’avait plus de sens pour eux. Il arrive aussi que les enfants n’aient même pas envie de dire merci pour leurs cadeaux. Et ce n’est peut-être pas une simple question de politesse. Ils sont plutôt en train de dire qu’il n’y a pas de joie, pas de sentiment d’abondance, pas de sens à cet amas d’objets.

Le sentiment d’être comblé, satisfait et reconnaissant pour l’abondance vient d’avoir désiré quelque chose, de l’avoir attendue, espérée, souhaitée de tout son cœur et, finalement, de la voir apparaître devant nous.  En d’autres termes, c’est parce que nous avons eu juste ce qu’il faut que le surplus nous rend heureux.

C’est pourquoi je vous suggère de ne rien acheter à vos enfants d’ici Noël. RIEN! Vous voulez en faire des adultes solides? Alors rien. Pas un paquet de gomme en passant, pas une deuxième paire de mitaines (même en solde!). Rien d’autre que le nécessaire. Laissez-les attendre avant de satisfaire leurs désirs, ça rend plus fort. Essayez, au cours des prochaines semaines, de leur offrir juste assez, c’est-à-dire ce dont ils ont besoin et pas davantage. Voyez-le comme une expérience pour les aider à retrouver le sentiment d’abondance, le véritable sens d’un cadeau et un peu de gratitude.

Vous aurez peut-être envie de pousser l’expérience un peu plus loin et de remettre en question ces centaines de cadeaux que vous offrez toute l’année pour un oui ou pour un non. PréAdo veut une veste de ski aux couleurs de l’année? Toutes les raisons sont bonnes pour la lui acheter : il n’a pas eu d’avertissement au collège, il a fait son lit ce matin, il brosse ses dents tout seul. J’exagère à peine. Si nos enfants reçoivent chaque semaine « un petit quelque chose », sans véritable occasion spéciale, nous sommes en train de leur apprendre que les cadeaux n’ont pas de sens particulier.

Alors, pourquoi en auraient-ils à Noël?

Oui, je sais, résister au « Boxing Day » sera une dure épreuve. Rappelez-vous que ce n’est pas le cadeau qui importe, mais ce qu’il veut dire.

... Et faites de votre mieux : il n’y a personne de parfait!
 


Orthopédagogue de formation, France Paradis donne des conférences dans toute la province et poursuit son travail de formatrice auprès des intervenants familiaux et de coach parental auprès des familles en difficultés. Elle anime depuis trois ans l'émission de télé « Parents avis » et participe régulièrement aux débats publics à la télévision, à la radio et dans les journaux, à titre d'expert en éducation. Auteure remarquée, elle est également scénariste de plusieurs documentaires sociaux.