BelleChérie faisait du lèche-vitrine avec une copine quand une crise-de-wow s’est emparée d’elle devant un pull de cachemire et de soie ab-so-lu-ment parfait! Oh pardon, vous ne savez pas ce qu'est une crise-de-wow?

Si vous vivez avec une BelleChérie, alors vous savez que ce formidable spécimen d’Amérique du Nord possède plus de vêtements qu’elle ne pourrait en porter pendant trois années de suite, même si elle n’achetait plus un seul morceau! Elle «texte» sur son portable plus vite que son ombre tout en soutenant une conversation de vive voix et en suivant le déroulement d’un nouveau drame adolescent sur sa page Facebook. En plus d’être généralement très sociable avec ses amies et silencieuse avec les membres de sa famille (et ses parents en particulier), la BelleChérie de 15 ans, n’a jamais appris à repousser le moment de la satisfaction et résiste extrêmement mal aux impulsions d’achat. Si elle est face à une vitrine de magasin où se trouve ce qu’elle veut, alors, c’est fichu. C’est la crise-de-wow assurée!

Certains ethnologues croient qu’il s’agit d’une question de génétique, ce qui a l’avantage d’expliquer pourquoi ces crises se produisent même en dehors du milieu naturel : centre commercial et boutiques de fringues.

La crise se déploie généralement de la même façon. BelleChérie marche normalement quand elle est soudainement stoppée net : son regard fixe sans ciller un objet dans le magasin, sa main attrape le bras de sa copine pour le serrer doucement et sa bouche s’ouvre lentement sur un «wow!» plein d’enthousiasme et de convoitise. À ce stade, une telle impulsion l'incite à s’emparer de l’objet en question et rien d’autre ne peut la distraire. Elle l’achète donc, avec le sentiment qu’y renoncer équivaudrait à mourir. Sans rire. En tous cas, si vous lui en parlez, c’est ce qu’elle vous fera comprendre: «Il. me. le. faut. Absolument.»

Je sais bien que je ne suis qu’une ethnologue amateur, mais j’ai souvent vu la même crise chez des spécimens adultes, même si les symptômes étaient moins évidents… En connaissez-vous?

Attendre s’apprend. Et plus nos enfants l’apprennent tôt, moins ils s’endetteront exagérément. BelleChérie, PréAdo et SœurAînée devraient tous avoir l’occasion d’attendre ce qu’ils veulent. Attendre leur anniversaire, Noël, la fin de l’année scolaire. Cela veut dire que nous, parents, devons arrêter d’acheter ce qu’ils demandent au fur et à mesure, simplement parce que nous en avons les moyens. Ce n’est pas une question de moyens, c’est une question d’éducation, de valeurs.

PréAdo meurt d’envie d’avoir le même jeu que son copain? Notez-le, mais, de grâce, attendez une occasion spéciale pour le lui offrir.

SoeurAînée ne peut plus respirer tant elle souhaite avoir le nouveau téléphone-super-cool-avec-la-caméra-vidéo? Suggérez-lui de faire une recherche sérieuse sur les différents téléphones, leur prix et leurs options. Et promettez-lui d’examiner les résultats avec elle. Mettez du temps entre l'apparition du désir et le moment de sa satisfaction. Le plus de temps possible. Je sais que c’est difficile. Commencez par un tout petit peu de temps, mais commencez.

Ce jour-là, BelleChérie a couru pour essayer le pull. Et, comme prévu, il était ab-su-lu-ment parfait! Rayonnante devant la glace, elle se tourne vers son amie, qui regarde l’étiquette avec les yeux ronds.

• 92 $!

• Oui, mais normalement il coûte 135 $, s’exclame BelleChérie, toute fière de faire ainsi une économie.

• Je veux bien, mais c’est beaucoup d’argent, répond son amie.

• Mais je l’aime déjà d’amour, ce pull!

Son amie a souri, amusée de tant de mauvaise foi. Et sa réponse est une telle inspiration que je m'en suis servie bien des fois depuis… sans en citer la source! – Alors, là, évidemment, s’il s’agit d’amour, je comprends! Bon, dans ce cas, laisse-le ici bien sagement encore deux ou trois jours. Il sera toujours temps de revenir le chercher. Et si tu n’y penses plus dans trois jours… alors, on saura qu’il ne t’aimait pas vraiment!