Pierre : Bienvenue à Partenaires en affaires, une série en baladodiffusion qui donne des conseils, aborde les dossiers chauds et traite de dossiers économiques susceptibles d’intéresser les petites et moyennes entreprises. Je m’appelle Pierre Duhamel et je suis commentateur aux chaînes Argent, LCN et TVA. Je commente également l’actualité du monde des affaires sur le site Argent.canoe. Cette diffusion est présentée en collaboration avec la Banque de Montréal. Où va l’économie? Plusieurs signes pointent en direction d’une nette relance, mais de nombreux experts craignent carrément la rechute. Le marché de l’emploi semble robuste au Québec et au Canada, mais c’est nettement moins clair aux États-Unis. Par ailleurs, la force du dollar Canadien pourrait faire mal à nos entreprises manufacturières et l’endettement des États commence à créer de sérieux soucis. Pour faire le point sur la conjoncture et vous permettre de prendre de meilleures décisions d’affaires, nous accueillons Guy Phaneuf, directeur, instrument de dettes, marché des capitaux à la Banque de Montréal. Bonjour M. Phaneuf. Guy : Bonjour. Pierre : J’ai l’impression que si ce n’était que du Canada, tout irait pour le mieux au niveau économique. Est-ce qu’on peut dire que les plans de relance ont porté les fruits escomptés au niveau québécois et canadien? Guy : Disons que c’est sûr que les plans de relance ont aidé, mais il faut prendre en ligne de compte aussi que le marché financier, le fait qu’on ait un système financier qui était très solide durant la crise a aidé amplement. Autrement dit, on n’a pas eu l’impact que les entreprises Nord-américaines, américaines surtout je devrais dire, et les entreprises européennes à avoir du financement. Tandis qu’au Canada, la crise financière ne s’est pas fait sentir ce qui fait que les entreprises ont continué leur petit train va loin, et puis ça l’a eu aucune influence à ce point de vue là. Pierre : On parle de quel type de croissance pour 2010 tant au Québec qu’au Canada? Guy : Ça va être une croissance, ça c’est sûr et certain, du secteur public dans le sens que les travaux publics va être une grosse dépense par les gouvernements. Vous allez avoir aussi, je vous dirais, le consommateur va être encore présent pour 2010. Le seul point d’interrogation justement, c’est le secteur manufacturier. Puis comme vous l’avez dit dans l’introduction, c’est assez difficile de savoir qu’est-ce qui va arriver avec le dollar canadien. Vous savez que plusieurs s’attendent à ce que la Banque du Canada augmente ses taux, puis si elle fait cela en 2010, ce qui est attendu dans le bout du mois de juillet à septembre, à ce moment-là, il pourrait y avoir un gros impact sur le dollar canadien. Autrement dit, le canadien irait assez rapidement à la parité. Et le marché manufacturier serait ardemment frappé par cette hausse du dollar canadien là, puisque ça enlève la compétitivité. Alors, c’est de savoir maintenant, est-ce que la Banque du Canada va y aller au mois de juillet, septembre ou elle va tout simplement attendre à avoir un signe de la Réserve fédérale aux États-Unis. Pierre : Le directeur de la Banque fédérale vient d’indiquer que les taux américains devraient rester très bas quand même. Guy : Oui, les taux, je pense qu’aux États-Unis, ils ont une situation encore très précaire. On vient de le voir avec la confiance du consommateur qui vient de baisser à un niveau très très bas de 46, quand le marché, cette semaine, s’attendait à avoir une hausse. C’est un genre de pourcentage, alors c’était environ à 56 et puis on s’attendait à ce que ça monte aux environs de 60 et ça l’a été tout à fait le contraire, ça l’a été un choc pour le marché. Vous avez vu la bourse baisser justement par rapport à ça. Et il y a une crainte justement qu’aux États-Unis, du fait que l’emploi ne redémarre pas, il y a encore des baisses de l’emploi, il y a plusieurs personnes qui perdent leur maison encore. Tout ça, ça crée un manque de demande, un manque de ventes au détail, les entreprises ne sont pas prêtes à engager du monde. Ce qui fait qu’aux États-Unis, c’est lent. Et puis, on s’attend pas nécessairement à avoir une hausse de taux d’ici 2011. Maintenant, la Banque du Canada, il y a plusieurs perceptions, vous avez eu le [CDR], justement qui vient de sortir une étude qui dit que la banque devrait aller avec des hausses de taux à chaque meeting de 2010 à partir du mois de juillet, et cela jusqu’à ce qu’ils atteignent un niveau normal qui serait environ 3 à 3.5%. Je vais vous avouer franchement que ça, ça me fait un peu peur et puis justement M. Michael Gregory de la Banque de Montréal a justement spécifié l’importance de regarder l’impact que ça va avoir sur le dollar canadien. Et puis je peux vous dire qu’il va y avoir un impact si jamais on faisait ce geste-là. Pierre : On pourrait se retrouver avec un dollar canadien plus fort que la monnaie américaine peut-être. Guy : Absolument, absolument, ça serait quelque chose de très très très possible. Et imaginez-vous là que si jamais l’économie, parce qu’on s’attend à ce que l’économie américaine reprenne du poil de la bête vers la fin de 2010. Alors, imaginez-vous là la situation où est-ce que vous avez une demande qui commence à croître de l’économie américaine. Comme vous le savez, la Chine et l’Inde continuent à croître, on essaie de ralentir cette croissance-là pour qu’elle soit faite d’une façon ordonnée et non inflationniste et qu’elle perdure. Alors, imaginez-vous ça, avec l’Inde, la Chine et les États-Unis qui recommencent à avoir une demande de pétrole, une demande de commodités comme le cuivre, le zinc et tout. Le dollar canadien serait en un essor fulgurant et on pourrait avoir justement une devise qui est plus forte que la devise américaine, c’est sûr et certain. Pierre : J’ai l’impression, à vous écouter, que, ou on peut avoir une année géniale ou une année très difficile, et qu’en fait, les dés n’ont pas encore roulé là. Guy : Non, c’est sûr que les dés ne se sont pas arrêtés de rouler justement. On ne sait pas où on va être exactement après le fatidique mois de juin que la Banque du Canada dit qu’ils ne toucheront pas aux taux d’intérêt jusqu’à juin 2010. À partir de ce niveau-là, je vous dirais moi que j’ai une petite tendance à dire que la Banque va vouloir attendre un petit peu plus longtemps, je pense que ce serait intéressant de regarder, avoir trois mois de file aux États-Unis, de voir une création d’emploi, une bonne création d’emploi. Vous savez, si jamais on commençait à monter les taux assez rapidement au Canada, oui il y a une possibilité, ça va bien au Canada, on parle même d’une bulle du marché immobilier. Mais je veux dire, c’est pas une hausse, c’est une continuité mais une continuité quand même qui est fragile, je vous dirais. Il faut pas oublier là que le gouvernement fédéral est en déficit. Vous avez le Québec qui parle de hausse de la TVQ. Vous avez les municipalités qui augmentent les taxes foncières. Tout ça, ça va sur le consommateur, et puis à un moment donné, si on commence à enlever aux consommateurs le peu d’argent qu’ils gagnent de hausse de salaire ou je le sais pas, s’il y a hausse de salaire, bien je veux dire, à un moment donné, le consommateur ne pourra plus suivre. Et vous allez avoir une régression, puis surtout si vous avez vos exportations qui sont influencées par justement un dollar canadien qui est fort. Vous savez que nos exportations, il faut les vendre justement quelque part. Si les États-Unis, ça ne fonctionne pas, bien vous en aurez pas d’exportations ou de hausse d’exportations. Et si on remarque dernièrement, la balance commerciale, elle est plus ou moins positive. On est plus proche de zéro, autrement dit, aucune croissance. Les exportations sont aussi importantes que les exportations. Alors, ça va être très très très… la Banque du Canada va être obligée d’être très subtile disons sur la décision de hausser les taux. Vous savez, on parle même de possibilité de déflation aux États-Unis. Et comme vous savez, le Japon a encore, là, le gouvernement est en train de regarder par crainte encore d’une continuité de la déflation, imaginez-vous, ça fait comme 10 ans là qu’ils sont en déflation. La dernière chose que la Réserve fédérale veut avoir, c’est évidemment, avoir une situation de déflation. Et puis, c’est là que ça va être important aussi pour la FED de garder des taux d’intérêt très bas pour une bonne période de temps encore. Puis ça l’a été dit encore par M. Bernanke aujourd’hui même devant le Sénat. Pierre : Écoutez, merci beaucoup Guy Phaneuf, directeur, instrument de dettes, marché des capitaux à la Banque de Montréal. Je retiens que pour les entrepreneurs, il faut rester prudent au cours des prochains mois. N’oubliez pas que vous pouvez télécharger cette baladodiffusion à partir des sites de la Banque de Montréal et de Argent.canoe. Ici Pierre Duhamel, commentateur à la chaîne Argent. À la prochaine. FIN DE LA TRANSCRIPTION