Pierre Duhamel: Bienvenue à Partenaires en affaires, une série en baladodiffusion qui offre des conseils, aborde des dossiers chauds et traite de perspective économique susceptible d’intéresser les petites et moyennes entreprises. Je m’appelle Pierre Duhamel et je suis commentateur et blogeur à la chaîne Argent du groupe TVA. Cette diffusion est présentée en collaboration avec la Banque de Montréal. Nous traversons ce qui est considéré comme étant la plus grande crise économique depuis 50 ans. Tous les pays qui sont touchés et les entreprises de tous les secteurs font face à des conditions de marché extrêmement difficiles. Le taux de chômage est élevé au Canada, l’économie est encore en récession, les gouvernements ont recommencé à faire des déficits budgétaires et plusieurs Canadiens se retrouvent en situation d’insolvabilité. Mais il semble y avoir de signes d’embellis. Les permis de construire sont à la hausse, on observe une légère reprise du commerce au détail, le dollar canadien prend du mieux, les marchés boursiers ont également pris beaucoup de tonus et ont effacé une partie des pertes boursières des derniers douze mois. Où cela nous conduit-il? À quand la fin de la récession? J’en parle avec Guy Phaneuf, directeur instrument de dettes, marché des capitaux à la Banque de Montréal. Bonjour M. Phaneuf. Guy Phaneuf: Bonjour. Pierre Duhamel: M. Phaneuf, est-ce que le pire est derrière nous? Guy Phaneuf: Je vous dirais que c’est ce que l’on pense. En ce moment, on a des signes prometteurs, comme vous dites, si on regarde du côté des États-Unis avec le PMB aux États-Unis, on a vu que le consommateur, à la surprise de tout le monde, que la consommation avait cru d’environ 2 % et ça, c’était une surprise pour le marché américain. Si on regarde au Canada, on a eu une baisse du PMB de .1 % mais si on regarde, c’était quand même beaucoup mieux qu’attendu et on a vu justement les permis de construction qui sont à la hausse. On a des signes encourageants de l’économie qui nous portent à croire qu’on pourrait se sortir de cette récession-là d’ici la fin de l’année. Pierre Duhamel: Quel est votre calendrier pour les États-Unis et pour le Canada par rapport à une vraie reprise là? Guy Phaneuf: Bien disons, quand on parle d’ici la fin de l’année, on parle de se sortir du marasme et de se sortir d’une contraction de l’économie. Autrement dit, on parle que l’économie commence à croître, mais à croître à très faible rendement, autrement dit, peut-être du .5 %. Ce qui fait que c’est réellement là, de se maintenir, d’arrêter finalement des pertes peut-être d’emplois et tout. Je vous dirais le Canada et les États-Unis, ça serait pour la fin de 2009 qui serait possible. Mais le Canada va avoir plus de chance d’avoir des meilleurs chiffres que les États-Unis. Pierre Duhamel: Et pourquoi? Guy Phaneuf: Simplement que, si on prend… regardez le marché financier aux États-Unis, le marché financier, les banques américaines sont dans une situation d’illiquidité, ce que les banques canadiennes n’ont pas actuellement. Les banques n’ont pas été frappées de plein fouet. Juste pour vous montrer, la plupart des banques canadiennes ont fait des profits, même, malgré la récession qu’on a là, actuellement. Tandis qu’aux États-Unis, les banques américaines, plusieurs sont sur le respiratoire artificiel dû à des injections d’argent par le gouvernement américain. Alors, c’est sûr et certain que si on a une reprise économique, les banques canadiennes vont avoir de la liquidité, elles vont pouvoir prendre des risques plus élevés, plus rapidement dû à cette liquidité-là que les banques américaines n’ont pas. Le capital, on va voir justement demain que, il va avoir environ 10 banques américaines qui vont devoir augmenter leur capitalisation. Pierre Duhamel: Puisque les banques canadiennes, vous en parliez, vont mieux, est-ce que le crédit est encore assez difficile pour les PME? Guy Phaneuf: Oui, on a quand même une situation où est-ce que les banques vont être encore prudentes vis-à-vis le risque. Cependant, les banques canadiennes vont être capables justement de demander un petit peu plus de sûreté, de sécurité si vous voulez vis-à-vis les PME mais elles vont être ouvertes à prendre ce risque-là. Tandis que les banques américaines, puisque leur capital est limité en ce moment, elles vont aller surtout sur des situations plus sûres. Alors, les PME, puisque ce sont les plus touchées, si je peux dire souvent, vont être les premières à avoir de la difficulté à avoir du crédit. Pierre Duhamel: Et ça, vous dites, probablement jusqu’à la fin de l’année. Guy Phaneuf: Oui, jusqu’à la fin de l’année, c’est ce qu’on pense et puis après ça, on devrait voir le consommateur reprendre du poil de la bête, autrement dit, voir que la situation a de l’air à s’améliorer, que leur emploi est sauf, si on peut dire et que, finalement, une reprise économique va faire qu’ils peuvent se permettre de dépenser un petit peu plus. Alors, dû à cela, disons qu’on peut s’attendre à ce que 2010 soit beaucoup mieux. Pierre Duhamel: 2010 beaucoup mieux, mais ça sera pas spectaculaire, c’est ce que j’entends en tout cas. Guy Phaneuf: Non, ça va être, comme je vous disais auparavant, une croissance d’environ 1 à 2 %. Si c’était plus élevé que ça, ça me surprendrait énormément. Ce qu’on va voir surtout d’ici la fin de l’année, c’est des bonnes nouvelles à un certain point, je veux dire des nouvelles meilleures que ce qu’on a actuellement où est-ce qu’on va voir des sursauts de l’économie où est-ce qu’on va voir des bonnes nouvelles sur la création de richesse si je peux dire mais, pas une création d’emplois. On s’attend à ce que les compagnies continuent à couper dans les coûts. Malheureusement, c’est les emplois qui vont être coupés aussi et, jusqu’en 2009, on pourrait voir une augmentation du taux de chômage. Cependant, vers la mi-2010, on pense que les entreprises vont recommencer à ce moment-là à voir, justement là, la reprise économique, une demande qui va les amener à engager du monde, à être obligé de reprendre une activité plus brusque et à ce moment-là, bien c’est une grosse roue qui tourne et on va voir là, de plus en plus de monde qui vont être réengagés puis, une meilleure consommation, si vous voulez, de biens et services. Pierre Duhamel: On assiste à une remontée assez sensible du dollar canadien. Jusqu’à quel niveau, d’après vous, il pourrait se rendre? Guy Phaneuf: Bien, en ce moment, justement aujourd’hui, nous sommes proches d’un point technique qui est à 85.98 ou 1-16-30, si vous voulez. Si jamais on brise ce point technique là, à ce moment-là, on devrait aller assez allègrement vers le 86 ¾ et c’est le point technique ce niveau-là. Si on brise cela, ce qu’on s’attend nous, à ce moment-là, on pourrait aller à 90 ou le niveau de 1 11 inversé. Pourquoi? C’est tout simplement qu’en ce moment, vous savez que le marché boursier et les marchés en général vont regarder six mois à l’avance au moins. Et puisqu’on parle d’une reprise économique vers la fin de l’année, on a des facteurs comme, bien premièrement le dollar canadien est toujours affecté par le marché boursier et quand le marché boursier va bien, le dollar canadien normalement va très bien. Et, avec ça, ça amène les ressources naturelles, on a vu que le cuivre reprend vers la hausse, l’or est vers la hausse aussi en haut de 900 $ et le plus important, c’est que le baril de pétrole en ce moment est de retour en haut de 50 $. En ce moment, on est à 56 $, on pense qu’on pourrait voir entre 60 $ et 70 $ et tous ces facteurs-là sont très positifs pour le dollar canadien. Pierre Duhamel: Une dernière question. La Banque du Canada semble résolue pour le moment à maintenir à un niveau plancher ses taux d’intérêt. Les entreprises et les particuliers ont combien de temps pour profiter de ces taux historiquement bas avant qu’ils se mettent à remonter? Très rapidement. Guy Phaneuf: Bien, selon la Banque du Canada, elle a dit qu’elle allait maintenir les taux actuels jusqu’en juin 2010. Je vous dirais que si jamais le scénario qu’on a parlé auparavant continuait et puis qu’on avait une reprise économique, je pense qu’on a jusqu’à l’automne 2010 avant de voir des hausses de taux mais ça va être des hausses de taux très très faibles et, comment je pourrais vous dire, d’une façon là très précise, dans le sens qu’ils vont regarder l’inflation. Nous, on pense qu’il n’y aura pas d’inflation jusqu’en 2011. Alors la banque, je vous dirais qu’en bas de 1 % jusqu’à la fin de 2010 est très plausible. Pierre Duhamel: Merci beaucoup Guy Phaneuf, directeur instrument de dettes, marché des capitaux à la Banque de Montréal, de nous avoir éclairé sur la conjoncture économique. Merci à vous d’avoir écouté cet entretien de la série Partenaires en affaires. Vous pouvez télécharger cette série en baladodiffusion sur les sites BMO.com et argent.canoe.ca le site de la chaîne Argent. Ici Pierre Duhamel, commentateur et blogueur à la chaîne Argent, qui vous souhaite bon succès. FIN DE LA TRANSCRIPTION